Jour 7 - vers Playa Larga

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Fini Viñales, nous reprenons la route pour une journée de transition vers Playa Larga, dans la baie des cochons. Le taxi collectivo Americano qui nous conduit est immense (5 rangées de trois personnes). Nos bagages prennent pas mal de place, surtout lorsque les filles montrent au chauffeur les 9 immenses noix de coco vertes et non pelées que Giber nous a offert au moment du départ. Elles rouleront sous nos pieds une partie du trajet.

Nous empruntons l'autoroute, un concept intéressant. Les véhicules roulent un peu partout sur la chaussée, à droite ou à gauche, guidés uniquement par l'objectif d'éviter le plus possible les trous. Les meilleurs conducteurs mettent les deux roues sur le bas côté, en terre, mais moins défoncé que le bitume. Bien entendu, tout en slalomant sans cesse entre les crevasses, il faut également éviter les gens qui marchent sur le côté, les calèches ou les enfants qui traversent. La densité de véhicules est cependant assez faible. Si jamais un thaïlandais découvre l'autoroute cubaine, il risque de ne pas comprendre pourquoi il y a tant de bitume pour si peu de véhicules. S'il est malin, il s'apercevra cependant que si l'on tient compte des trous, le rapport bitume/véhicule est peut être similaire. Je soupçonne même le thaïlandais, de part son aptitude naturelle au slalom, de faire un brillant concurrent au pilote Cubain.

L'originalité du coin s'illustre une nouvelle fois lorsque l'autoroute, à deux fois deux voies, se mue en une seule voie à double sens, une course cycliste ayant lieu sur un des côtes de la route. Je précise que le double sens n'est indiqué par aucun panneau. Ce qui est effectivement très judicieux car ces panneaux seraient de l'argent gaspillé, il suffit de voir les véhicules arrivant en face pour que n'importe qui comprenne que la route est maintenant à double sens. Ainsi, pendant des dizaines de kilomètres, nous pouvons observer, sur l'autre voie, quelques cyclistes épars, pédalant sous un soleil de plomb. Nous ne comprenons pas tout à fait le concept car les cyclistes vont dans les deux directions. Comment déterminer le vainqueur ? Notons au passage que notre thaïlandais n'aurait pas compris pourquoi les chaussées sont séparées, le slalom entre les cyclistes, quel qu'en soit leur sens de déplacement, est gravé dans les gènes. En cela, le Cubain est peut être moins performant, il ne sais slalomer qu'entre les trous, qui, en général, sont fixes.

Arrivés à mi-chemin, à La Havane, notre coche stoppe sur un large terre plein sablonneux au milieu d'un échangeur. Notre chauffeur, à l'instar d'autres qui arrivent en même temps, dépose touristes (nous) et bagages sur la terre, sous un soleil franc. Il s'agit en fait d'un hub international dans lequel s'exprime le génie logisticien des Cubains. Notre chauffeur prend la moitié de la somme d'argent qu'on lui avait donné au départ, et confie le reste à un autre gars, dont on comprend un peu plus tard qu'il est le routeur local. D'autres véhicules de transport de masse arrivent ainsi à intervalles irréguliers, déversant bagages et européens contorsionnés dans la poussière et les odeurs du gasoil. Le routeur nous indique assez rapidement un autre taxi collectivo pour la suite du trajet, mais on n'est que moyennement chaud pour nous y entasser, car il est bien plus petit que le précédent. On discute un moment, en s'interrogeant sur la meilleure option entre s'entasser les uns sur les autres pendant environ deux à trois heures de trajet, ou attendre en plein soleil une à deux heures en espérant un hypothétique véhicule plus spacieux. Les préférences de chacun diverges, mais la tergiversation s'avère finalement inutile car le véhicule vient d'être réquisitionné par d'autres touristes moins indécis. Finalement, l'attente a eu du bon car un gros Americano pour 15/16 personnes semblable à celui de la première partie du trajet arrive. Échaudés par la première transaction infructueuse (et par le soleil également), on embarque prestement, partageant le véhicules avec d'autres Européens cramoisis.

On arrive enfin à Playa Larga chez Damarys y Ramon qui nous accueillent avec naturel et un plaisir non simulé. Nous finissons l'après-midi à la plage voisine, avec une eau très chaude, quelques vagues et de très belles lumières de couché du soleil.

Nous sommes samedi soir, veille du référendum, et la petite placette à côté de la casa accueille des enceintes géantes déversant du gros son festif. Tout tremble à chaque beat des basses. Chacun prépare tranquillement ses boules quies.

Le soir nous baladons dans la "ville", et cherchons un moment le centro commercial, qui se cache finalement derrière une petite placette. Il s'agit d'un réduit de la taille d'une cuisine avec des rayonnages à moitié plein, voire même pour certains à moitié vide (et il faut un \u0153il exercé pour faire la différence). Il y a du rhum, des boites de conserve de beans, du rhum, des chips, du rhum, de l'huile, du rhum et des bouteilles d'eau, dans un coin. A Cuba, mieux vaut être vendeur de rhum que, disons, vendeur de ceinture de sécurité par exemple. Je propose donc de prendre du rhum pour essayer les coutumes locales (c'est en effet ce que nous avions tous coché dans les cases du formulaire de demande de visa), mais personne ne m'écoute et nous repartons avec un pack d'eau, bien moins utile à mon sens.

Après le repas à la casa, on entreprend une lessive, et je peux certifier qu'avec 7 filles, ça fait une quantité de linge qui laisse pantois Damarys. Celle-ci nous guide pour faire fonctionner la lessiveuse mais le principe nous échappe un peu. Il faut remplir au tuyau le bac à linge qui se met parfois, pour une raison indéterminée, à tourner lentement. Damarys indique à Célia, pieds nus, de retourner mettre des chaussures, en montrant le câble électrique qui traverse la terrasse pour alimenter la lessiveuse. Effectivement, safety first. De temps en temps, Damarys sort un vêtement plus sale qu'un autre secoue la tête et nous le tends pour qu'on le frotte au savon dans la bassine. Quand elle voit la tête de mes chaussette entièrement rouges de boues (style Salagou pour les connaisseurs), elle manque l'apoplexie et j'ai du mal à garder un semblant de dignité.

 (Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien ...)

 

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