Jour 6 - Cueva al Palmarito

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Au petit matin, on regarde un moment le paysan dans le champs avec ses deux bœufs qui tire un attelage sans roue, composé d'un triangle de planches. A mains nues, il entasse de l'herbe et s'en va la porter ailleurs, les bœufs traînant l'ensemble qui glisse sur le sol.

On récupère une calèche qui nous emmène vers les mogotes pour balader. Le soleil tape pas mal et on marche un moment entre les champs, croisant à intervalles irréguliers des cochons affalés sous des arbres avec des poules leur picorant le groin (les poules sont en effet dyslexiques et pensent qu'il s'agit de grains). Au détour d'un bosquet de gros bambous, on arrive à la cueva (grotte), devant laquelle un guide avec un pantalon en lambeaux, nous annonce fièrement être officiel, et nous demande des CUC pour nous emmener au fond de la cueva voir la rivière souterraine. Celle-ci, Giber nous l'a fermement assuré hier soir n'est absolument pas baignable, l'interdiction ayant quelque chose à voir avec la zone militaire.

Cette information, peut être trop récente, n'est cependant pas parvenue aux oreilles de notre nouveau guide car lorsque nous lui demandons, il est, lui, totalement d'accord avec la baignade, même si, prévenant, il nous prévient que, sous terre, el agua es un poco fresco. On déambule donc sous terre à la lumière des téléphones portables pendant quelques centaines de mètres sous les stalactites et -mites, pour arriver effectivement à la rivière souterraine. Les sons raisonnent sous les voûtes. C'est un peu irréel de se désaper au fond d'une grotte pour mettre le maillot et aller piquer une tête. L'eau est effectivement un poco fresco mais une bonne moitié de la troupe a le courage de nager. Quelques dizaines de mètres plus loin dans la rivière, la rivière semble disparaître. On ne comprend pas trop ce qu'il se passe dans le noir juste entrecoupé de temps en temps de halos lumineux des lampes de ceux qui sont restés au bord. Les petites ne sont pas ultra rassurées. Entre temps des gars sont arrivés et se baignent également dans cette ambiance un peu étrange, fraîche et sombre où les sons s'intensifient. Brusquement, un monumental grondement se fait entendre, s'amplifie, et donne l'impression, dans le noir, que le bruit vient de toute part. Un peu comme si un gigantesque torrent arrivait du fin fond des entrailles de la rivière. Clem, au bord de l'eau, prends peur et recule vivement un peu paniquée. Mais cette panique n'est rien à côté de celle du gars qui se baigne devant nous, qui se met à grimper les berges à toute allure, terrifié, en cherchant à tous prix à s'échapper du lit de la rivière, s'écorchant au passage les bras et les jambes sur les rochers boueux. Le bruit cesse d'un coup et le temps s'interrompt un instant le temps qu'on réalise ce qu'il se passe.

Un petit sourire un peu moqueur monte sur le visage du guide, les yeux fixés vers le fond de la rivière. L'air un peu étonné, Cédric apparaît alors. Il vient juste d'arrêter de battre des pieds pour un petit crawl délassant. Les battements sont en fait amplifiés et ont engendré des échos sur les parois de la grotte, provoquant le terrible grondement annonciateur de tsunamis. Les collègues du gars paniqué réalisent la situation et assez rapidement tout le monde éclate de rire. Le pauvre écorchés se fait expliquer qu'il a eu peur de battements de jambes. On le soigne à coup d'antiseptique bien que je pense que du rhum aurait été plus efficace. Vu les moqueries des autres, je crois qu'il va être la risée de ses potes pendant toute sa vie.

La suite de la balade ressemble à Kho Lanta, il fait bien chaud et on se paume en peu en chemin, pour arriver à une retenue d'eau. Tout le monde est écrasé de soleil et un peu affamé, alors on commande des en-cas illico presto. Les pan y queso arrivent 1 bonne heure plus tard, c'est à dire quasiment tout de suite à la mode cubaine. Au retour, on fait deux groupes. On fourgue les enfants dans un taxi direction la casa, pendant qu'on continue nos balades. On vise la cueva del silencio qu'on ne trouvera pas, bloqués par des chemins bien boueux sans accès facile pour traverser les bras de rivière. Au retour, on accompagne le couché du soleil par des chemins un peu au hasard, traversant par exemple une sorte de zone résidentielle, avec un dédale de casas disposées dans tous les sens sur des reliefs de terre boueuse. Il y a des animaux partout, poules, chevaux, chèvres, cochons. Je m'interroge sur l'organisation du Plan Local d'Urbanisme.

En début de soirée, deuxième coupure d'électricité. Nous sommes à la casa qui possède une superbe vue sur toute la petite ville en contrebas. La coupure est donc plutôt bienvenue car le temps est clair et elle nous permet d'avoir le nez dans le étoile un petit moment. Le charme est un peu réduit lorsque des générateurs autonomes prennent le relais éclairant quelques spots par ci par là dans la vallée, avec grand bruit.

L'angoisse commence à poindre, sans électricité, le mojito pourra t'il être bien frais ?

 (Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien ...)

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