Jour 3 - Klokkarvik

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Lever aux aurores aujourd'hui car une petite rando est prévue. Hier, nous nous étions couché un brin inquiet car le temps était prévu à la pluie (100% de possibilité de pluie indiquait Google). Ce matin, on peut ainsi, dès potron-minet, s'esbaudir de la justesse des ingénieurs météo. Pile poil un déluge. Ca flotte comme à Nantes ou à Brest, c'est dire.

Comme on est venu jusque là pour marcher, on ne se dégonfle pas et on se rend au lieu de balade. La route passe par un immense tunnel, peut être 10 km, et subitement la magie opère. On entre dans le tunnel sous le déluge et on ressort avec un magnifique soleil et de la belle brume filandreuse découpée par les montagnes. On s'équipe et en route pour une paire d'heures de balade, en direction d'un lac dans lequel un glacier se jette.

La balade longe un superbe torrent, le long de grande falaise grises et verte ; tout dégouline de flotte de partout. La montagne dégueule de torrents blancs qui serpentent. Le soleil perce la brume par endroit, c'est bien chouette. Nous sommes quasi seuls, car ces frileux de norvégiens ont sûrement préféré rester au chaud sous la couette, quelle bande de quiches ces vikings ! On parvient au lac, avec une première anse protégée, très calme, eau d'huile, un brin laiteuse, avec au milieu des îlots de roche épars. Lulu s'est lancé un défi et a emporté son maillot. La température extérieure oscille entre un petit 15 degrés "mouillé" et 16 degrés "humide". Quand à la température de l'eau, elle parviendrait à rafraîchir une vodka glacée. Même pour le pastis c'est trop froid. Un beau "mempacap" se profile donc et bientôt nous nageons tous les deux, pendant de très longs (centièmes de) secondes, afin d'offrir nos visages, crispés certes, mais de vainqueurs, à la postérité. Je dois avouer que le retour en brasse m'a coupé le souffle, ça m'a rappelé la piscine de glace au mud day. On a bien fait de s'humidifier ainsi au maigre soleil, car quelques minutes plus tard, la pluie que l'on avait miraculeusement évité depuis le début de la rando, vient nous faire un petit coucou, ou plus exactement un "Hallo" tonitruant (faut pas se moquer des vikings).

On continue un moment sous la pluie, mais on est ensuite stoppé par un torrent un peu trop virulent qui nous bloque le passage. De toute façon, nous n'aurions pas pu aller au pied du glacier, bien trop haut actuellement. Au retour, on dégotte le seul rocher du coin permettant d'avoir quelques mètres carrés de sec pour pique-niquer. D'autres marcheurs, trempés, passent de temps à autre devant nous, bien au secs, et ragent. Ça donne un petit peu de piment au vasa-cheddar, somme toute un brin fade.

On rentre sous la pluie pour repartir de plus belle vers de nouvelles aventures. La route indiquée par Google Map nous intrigue car un petit icône flotte à côté du trait bleu qui indique le chemin, icône indiquant de petites vagues stylisées. Je cherche un moment si notre Toyota a une option amphibie, mais bientôt la route s'arrête dans une sorte de parking au bout d'un quai. Évidemment, nous devons prendre le ferry pour traverser un bras de fjord. Il faut dire que la géographie locale est assez éloignée des vertes campagnes Turipinoise. C'est tout bonnement n'importe quoi, je ne suis finalement pas fâché que les Norvégiens ne fassent pas totalement partis de l'Europe, car leur pays, c'est le bazard. Rien n'est droit, toutes les routes sont tordues et longent des bras de mer dans n'importe quel sens, ça monte, ça descend, ça passe dessous, dessus (remember les tunnels en colimaçon), dedans, et maintenant sur l'eau. Bref, on monte sur le bateau avec la voiture et commence alors la tâche la plus ardue de tout le voyage: indiquer oralement au brave opérateur du ferry notre destination. L'anglais, ça va. Mais la prononciation des localités Norvégiennes, on ne maîtrise pas encore. Essayez: Gjermundshamn. Non, il n'y a pas de faute, essayez à haute voix, pas dans votre tête ! Bref, on préfère indiquer du doigt le mot sur le GPS.

On passe ensuite rapidement dans Bergen, que l'on visitera demain, car le seul logement qu'on a pu dégoter est à Klokkarvik, une sorte de micro Brest local, au bout du bout d'une presqu'île lardées de coupures de fjord dans tous les sens, en bord de mer du Nord. Autant Bergen semblent grand et urbain, autant Klokkarvik fait office de dernier refuge avant la mer.

On arrive chez nos hôtes dont on va squatter la maison de jardin. Je me présente d'une manière que j'espère avenante, avec un "Hi, I'am David", mais d'un coup, l'autre viking là, se met à m'insulter sauvagement avec un espèce de "Da Groumf". Je lui fait répéter plusieurs fois, prêt à sortir ma hache pour le pourfendre, quand une petite lumière se fait subrepticement au fin fond de mon esprit embrumé. Le gars m'indique en fait son prénom. C'est littéralement imprononçable. Nous hochons donc tous la tête les uns après les autres en évitant soigneusement d'essayer de prononcer son nom. Ce sera les seuls contacts avec des locaux, car il parle aussi bien l'anglais que moi le Norvégien.

On balade un peu dans le coin, trouvant des myrtilles et des framboises. Il y a des mouettes. D'immenses paquebots passent de temps en temps. Pas facile cependant d'accéder au bord de mer, il y a des très grandes maisons un peu partout et on n'ose pas trop passer. La soirée se poursuit avec planification des jours suivants mais sans wifi et avec un réseau poussif. On ne parvient pas à trouver de logements vers Flüm, alors on découpe en trouvant un logement bien avant (vers Voss) et un autre bien après (vers Gol). Il y avait bien des cabines en bois à 400€ la nuit, mais comme on n'a pas de Tesla j'ai pensé qu'on se ferait refouler à l'entrée.

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