Jour 1 - Dans l’avion

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Dans l’avion, j’ai tout prévu. Plutôt que de bêtement perdre mon temps comme les communs, j’ai emporté de la lecture constructive à savoir “understanding deep learning”, 500 pages de math sur les moindres secrets de l’intelligence artificielle. Enfin installé, je frétille d’avance devant les merveilles à venir. J’attend que les uns débutent le dernier Marvel ou se plonge dans Harry Potter, et, une fois le “repas” passé et desservi, je peux enfin m’immerger dans ma bible (c’est Pâques tout de même). Je saute les 200 premiers pages (je les connais par cœur) pour arriver à celles qui expliquent le cœur du fonctionnement de ChatGPT (residual network and transformer pour les plus curieux). Une quinzaine de minutes plus tard j’ai terminé (oui, je lis vite). Je relève la tête, et, dans mon fors intérieur, je m’exclame : “certes”. Tel Thomas Pesquet dans SpaceX, l’idée monte rapidement, bon sang mais c’est bien sûr ! C’est limpide ! Je vois maintenant comment faire pour améliorer ChatGPT et par comparaison, ramener la version actuelle au rang d’un SMS d’ado pré pubère (“sa va ? Tu fé koi ?”). Cette idée va bouleverser tout la société avec des implications universelles, il n’est pas impossible que cela resolve même la faim dans le monde ! Mon voisin bouge un peu à ce moment là et mon regard se trouve happé par son écran. Là, j’y vois un gros Hulk démonter un hélicoptère militaire. C’est captivant toute cette tôle tordue par de gros bras puissants et tout vert. Ça va vite, ça tourne dans tous les sens, la féraille est proprement déchiquetée, les morceaux se retrouvent projetés dans diverses directions entrant comme dans du beurre dans d’autres éléments métalliques. Le géant vert grimace tout de même un peu sous l’effort. A moins qu’il ait une pale coincé dans l’ongle ? On grimacerait pour moins que ça ! Après avoir tout fait exploser dans une ultime grimace, le géant atterrit brutalement sur le sol, la caméra centrée sur les énormes patasses vertes accompagnées d’une première secousse pour bien faire sentir le choc de l’impact, tandis qu’en arrière plan le reste fumant de l’hélico se crashe quelques secondes plus tard dans une nouvelle secousse de caméra.

Un peu secoué, mais soulagé que le géant vert s’en soit sorti, je retourne mes yeux vers le bouquin. Merde. L’idée. Partie. Envolée. Ah, à deux doigts de résoudre la faim dans le monde, il a fallu qu’une grosse bestiole verte gâche tout. Bon, on s’emmerde un peu dans l’avion et l’esprit fait de la balançoire.

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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