Jour 4 - Caballo

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Aujourd'hui petit déjeuner gargantuesque puis direction, en calèche, vers la balade à cheval. On attaque par une visite guidée de plantations de café/tabac, visite expédiée en quelques minutes, les filles étant impatientes de monter sur les canassons. Los caballos nous attendent donc et le cow-boy qui nous sert de guide entreprends d'en donner un à chacun. Jamais personne ici ne s'est enquis si les petites pouvaient monter à cheval. Pas de problème de toute façon elles maîtrisent. De mon côté, bien que cavalier émérite, je fais semblant de ne pas trop connaître pour ne pas éblouir l'entourage avec ma maîtrise consommée du cabayo. J'ai en effet l'habitude, la dernière fois, c'était il y a tout juste 25 ans, et c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas.

Effectivement, dès les premiers trots le cheval, Coyoti de son petit nom, s'élance dans un rythme chaloupé, très sinusoïdal. Je capte rapidement la fréquence du sinus sus-dit et entreprends de régler ma propre cadence à l'unisson du meilleur ami de l'homme (à moins que ce ne soit le chien, je ne sais plus). Ma fréquence s'ajuste très vite à celle de la selle sous moi et nous sinusoïdons de concert. Le seul petit hic réside dans le léger décalage de phase. Ainsi, lorsque cette selle entreprend de descendre la sinusoïde, j'entame une remontée, et c'est un moment léger, très aérien, très doux. L'instant immédiatement suivant inverse l'ensemble des éléments : la selle remonte donc et mon arrière-train, bien entendu, descend. L'instant est cette fois beaucoup moins doux. Il est heureusement très bref, mais malheureusement très exactement calé sur la phase précédemment mentionnée, se répétant donc toute les demi-seconde environ. Bref, je me mâche le cul, grave.

Les filles s'en sortent quand même mieux, les petites essayant même régulièrement de forcer l'allure. Au bout d'une bonne heure, on atteint un lac sympathique. Le cheval, c'est quand même vraiment fantastique quand ça s'arrête.

L'après-midi, le groupe se sépare, certains vont à la piscine d'un hôtel voisin, les autres partent en balade avec l'objectif de faire le tour du Mogotes del Valle.

Manquant d'eau au départ de la balade, on décide de faire un détour par l'hypermarché Auchan du coin. Le premier est fermé pour cause d'inventaire. Que cela ne tienne, on se dirige vers le second. L'entrée est régulée, environ 5 à 6 personnes entrent à tour de rôle. A l'intérieur, très peu de marchandise. Je prends mes bouteilles d'eau et comprend au bout d'un moment qu'une des personnes du petit attroupement autour de l'unique caisse joue le rôle de penultiemo (j'écris de mémoire d'oreille si j'ose dire). C'est maintenant à moi puisque j'arrive en dernier. Ma tâche consiste à l'indiquer lorsqu'un nouveau client arrive, lui octroyant ainsi ce rôle éphémère. Le tout est rapide, moins de 30 minutes pour ramener trois bouteilles d'eau et servir 5 clients, mieux qu'Amazon.

La balade ensuite est juste extraordinaire, impossible pour moi de décrire le panorama du coin, mélange de verdure tropicale, terres rouges, montagnes (mogotes) minérales mais envahies d'arbres ... pas de photos non plus, avec 2 minutes de wifi poussif chaque 4 jours, ne rêvez pas. Cherchez sur Google (vous pouvez, vous !), vous trouverez. On traverse même une grotte permettant de passer d'un côté à l'autre de la mogotes. L'autre côté est encore plus calme et magnifique. On marche un peu plus de trois heures, en faisant un grand tour. Réellement une des plus belle rando dont je me souvienne (bon, après, j'ai peu de mémoire).

A la nuit tombée, on arrive au mur prehistorico, une falaise peinte de grandes couleurs vives sur peut-être 30 mètres de haut et 100 de large. Le lieu est magique, nous sommes quasi seuls, au bas de la falaise, dans une sorte de grand green de golf, avec une herbe un peu mousseuse. On déambule un moment puis un amigo nous fait comprendre qu'on n'a, en fait, pas le droit d'être là, nous sommes entrés par une porte (non fermée) dans une clôture, porte non destinée aux touristes. Le lieu est de tout façon fermé depuis un moment. On s'excuse et lui demande s'il peut nous appeler un taxi pour rentrer car il doit bien y avoir 5 ou 6 km jusqu'au village et il fait sombre. Quelques minutes plus tard une calèche se propose de nous ramener. La nuit est maintenant presque tombée.

Le trajet retour en calèche est un moment d'anthologie. Le rythme est juste parfait pour se remettre tranquillement de la balade. Au bout d'un moment, le chemin rejoint une "route" et le pilote (comment dit-on pour une calèche?), se retourne pour me demander quelque chose que je ne comprend pas. Je suis à l'arrière de la cariole et je dois me pencher vers l'avant pour le voir et essayer de comprendre ce qu'il veut. Il insiste plusieurs fois, secouant la tête lors de mes tentatives de réponses idiotes. On rigole un peu, mais son ton commence à prendre une vague tournure un peu pressante. "Lumi" est le seul mot qu'on semble comprendre, mais cela ne nous éclaire pas vraiment car de lumière, il n'y en a point depuis un petit moment. Au bout d'un temps qui me paraît super long mais qui n'a en fait dû durer qu'une ou deux minutes, la lumière se fait donc mon pauvre cerveau embrumé. Je sors donc mon téléphone, en allume la lampe torche intégrée, et la pointe à l'arrière de la calèche faisant office de phare pour les autres véhicules qui nous arrivent par l'arrière. Effectivement, safety first. Le chauffeur est satisfait, il me regarde une dernière fois du coin de l'oeil, avec un mélange de reconnaissance et de soupir face à ce touriste incompétent, puis retourne à sa conduite. Autant dire qu'on est tous morts de rire, hilarité qui culmine quand on se rend compte qu'une grenouille vient de pleuvoir sur C. On ne sera jamais d'où elle venait.

J'ai promis que je ne dénoncerais pas les ridicules gamelles de Cédric dans la clôture avec les barbelés, ni celle de Célia qui a brusquement décidé de se coucher dans le fossé au bord du trottoir. Tiens, le processus d'anonymisation est un peu défectueux, pas de chance. Le soir nous voit un brin fourbus. Rapide dîner en ville, puis on négocie la balade du lendemain lors de la palabre de fin de soirée avec les propriétaires. Le sous-chef de famille n'est pas super content qu'on ait choisis un autre taxi collectivo que le sien pour le lendemain, mais sa femme, la chef de famille, nous promet des sandwiches pour le midi et un super repas le soir quand on rentrera.

 (Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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