Jour 13 - La Havane

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Dernier jour avant le retour ce soir. On continue la visite de la ville, avec comme objectif principal des filles: boutiques de souvenirs. Tout le monde s'entraîne en chemin à répéter : ¿cuánto cuesta? On emmène Clem, qui ne peut pas marcher à cause de l'entorse, à l'aide d'un taxi vélo. Ah, tiens en passant: c'est l'anniversaire de La Havane, la jeune demoiselle a tout juste 500 ans cette année. Si c'était aux US, il y aurait une mascotte officielle, des stickers sur le moindre centimètre carré, des concerts géants dans des stades immenses avec des chanteuses peu habillées qui se trémoussent en hurlant sous des explosions de couleurs et des basses surpuissante, des discours la main sur le cœur et la larme à l'œil devant des parterres de costards et de robes colorées bien rangés par rang, des défilés de tanks, d'avion, de cow-boy, de pom-pom girls, des shows, des milliers de mug, tee-shirt, casquettes, affiches, spots TV, sites internet, app téléphone en réalité augmentée, et plein d'autres machins encore. Mais on est à Cuba, alors il y a une affiche A4 bicolore dans le hall d'entrée d'une église indiquant qu'à l'occasion des 500 ans de La Havane, c'est la semaine de musique Cubaine (comme d'ailleurs toutes les autres semaines de l'année).


On poursuit la balade dans d'autres rues et on se fend également d'une visite au musée de la revoluciõn. Je suis un peu déçu, aucun film 3D sur Louis XVI. A la place, des panneaux au fond rouge avec trois photos et quelques phrases, nous font revivre les événements appris en cours histoire, il y a quelques temps déjà. Je résume: le barbu décide de mettre dehors Batista qui pique dans la caisse. Il appelle pour cela son pote, Ché, qui est quand même balèze et peut fumer des putain de gros cigares sans s'étouffer. La bagarre est pas mega facile car les ricains font semblant de rien, et tout en regardant ailleurs, style rien à péter de ce pays pourri, donne des croches-pattes par derrière. Ça fighte grave et le barbu et son pote au cigare tiennent la corde. Une fois les patrons, ils se proposent de changer tout. Les ricains, pas jouasses, tentent une prise de revers dans la baie des cochons en envoyant des pas contents (mais pas américains) contre le barbu. Raté, ils se font maraver la gueule. Du coup, le barbu se la pète grave et décrète qu'il boude définitivement et ne jouera plus qu'avec la bande des rouges, adversaire de celle des bleus, les ricains. Les rouges prêtent même des missiles pour niquer les avions des bleus qui volent trop près, faut pas les chercher ceux-là. Y'a un petit moment flippant tout de même pendant lequel les deux bandes se regardent lentement, face à face droit dans les yeux, interminablement la main au dessus de la crosse du colt à la ceinture, les doigts effectuant une légère danse par moment, pendant que le vent soulève doucement la poussière autour et que des buissons ronds passent en tournant sur l'horizon. On entend siffloter "tatatatata tan tan tan". Mais finalement que dalle. Après c'est relou, ça discutaille sans cesse en se montrant les biceps, à coup de "viens-y là, viens si t'es un homme". Mais c'est que de la gueule alors le Ché s'emmerde et décide de se barrer en Bolivie, là au moins ils savent s'éclater. Ça ne lui réussira pas vraiment cependant. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, mais le barbu (son frère maintenant) et les bleus se boudent toujours.

Le petit tour de ville se termine, on se décide de rentrer pour vérifier les bagages et embarquer. Bien entendu, c'est pile en arrivant, un brin fourbu, à une demi-heure du départ, que je m'aperçois en posant mon sac qu'il est ouvert et qu'on m'a piqué mon portefeuille.This is the end

Bah, c'est pas ce qu'on retiendra du voyage. Durant cette douzaine de jours on n'aura fait que légèrement gratter la peinture de l'iceberg Cubain, si vous me permettez cette double image. Les gens rencontrés ont été en général très sympathiques et accessibles. En particulier la famille de Français rencontrés dès le départ de la tour du pin et qui nous ont suivis tout le long. Ils sont encore derrière nous dans l'avion, c'est chelou. A nous 9, nous avons ramené autant de photos que de poils sur les doigts d'une main de mille-pattes. Les photos ne rendent évidemment pas justice à ce qu'on a vu et vécu mais serviront de déclencheurs aux souvenirs. Comme je ne suis pas assez jeune pour tout savoir, le fonctionnement de la société Cubaine m'a pas mal échappé. L'ensemble est très pauvre, la débrouille est de mise partout. Tout ce qui semble avoir trait à l'état (magasin, administration) est ubuesque avec de nombreux employés soit désœuvrés, soit complètement désorganisés, non concernés, comme si leur travail était en fait une corvée mais que leur véritable gagne pain était au dehors. C'est en sentiment uniquement basé sur le peu qu'on a pu voir, je ne connais pas la réalité plus globale. Le tourisme fonctionne, mais ceux qui en vivent galèrent, sans Internet c'est comme courir un marathon avec des boulets attachés aux chevilles, c'est faisable mais un peu plus long. Les casa insistent toutes longuement sur l'impact des commentaires sur les plateformes (américaines, sic !) de type AirBnB, Booking, tripadvisor, etc. L'accès à Internet est un sketch, les Cubains restent coupés du monde. Quand ça s'ouvrira un jour, ce sera une fenêtre incroyable pour eux. La nature est particulièrement superbe par endroit (Viñales !), avec des couleurs et des lumières dignes de films hollywoodien (re-sic). Les gens ont en général été adorables, ravis d'échanger. On rêve de pouvoir avoir plus de temps et la même langue pour discuter plus longuement, ainsi, qu'à notre tour, de leur faire visiter le reste du monde et l'Europe bien sûr.

Toutes les erreurs des textes sont miennes (mais normalement il n'y en a pas, je ne fais jamais d'erreur, c'est un principe), une partie est imputable aux conditions d'écriture, 100% sur téléphone, en général en voiture bringuebalante ou sur un putain de fauteuil à bascule qui fait rien que de basculer constamment, c'est pénible. Certains des bons mots ont été volés sans scrupules aux compagnons de route que je n'ai pas tout le temps crédité. Pour le reste du voyage, on se le racontera de vive voix. Pour conclure, souvenez vous d'être bons avec les autres, vous êtes seul et les autres sont beaucoup plus nombreux.

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien ...)

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