Jour 7 - Oslo

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Lever tranquille au milieu des vaches ce matin (je ne parle pas des filles !). On traine un petit moment dans la ferme, on voit du ciel bleu et du soleil, c'est magique après tout le gris des jours précédents. Direction Oslo pour une dernière balade en ville avant le départ.

Musée des drakkars Viking pour commencer, petit mais sympa avec de gros bateaux en bois noir un peu fatigués maintenant, après plus de 10 siècles. Ils faisaient office de sépultures pour des dames, qui devaient vraiment être pénibles pour que les gens soient si contents de les voir partir.

Promenade sur la petite île puis le long du port, au soleil. On poursuit sur le fort en hauteur qui surplombe les quais. On assiste alors, sur une pelouse, à une sorte de championnat du monde de combat vikings. De gros mastards plein de muscles, souvent blonds et barbus sont munis de casques à cornes, de boucliers, de piques et d'épées. Ils forment deux groupes d'une dizaine de personnes, se font face et attendent le signal d'un arbitre, lui aussi accoutré. Ils rugissent à intervalles réguliers pour signifier leur joie éphémère d'être ici, ensemble et de partager la chaleur humaine. Au signal, ils se ruent les uns contre les autres, gracieusement, les épées (des vraies, lourdes et en acier, hein, pas du plastique ou de la mousse, on n'est pas chez les tafiolles d'américains ici) frappant fort sur les boucliers ou les autres armes. Ça court, ça saute, ça frappe et ça tape dru. Le tableau est bref et ressemble un peu aux dessins dans Astérix lorsque Obelix et ses potes du village s'entretiennent des choses de la vie. On en repère certains, un peu plus freluquets que les autres, qui courent également lors du départ, mais très vite ralentissent et font mine de couvrir les arrières, reculant légèrement, encourageant leurs camarades. D'autres sont très motivés et se décalent rapidement sur les côtés pour essayer de contourner l'adversaire et les prendre à revers. De temps en temps, une de ces danseuses s'interrompt, mets ses poings sur son front et sort du battlefield. Ça sent un peu la sueur. Puis l'arbitre intervient, fait un signe discret, et tout s'arrête. La moitié des protagonistes lève alors bras, épées et boucliers aux cieux en grognant de satisfaction pendant que l'autre moitié baisse la tête, visiblement défaits. Les modalités exactes des conditions de victoire et de défaite m'échappent un peu. J'espérais que la gagne soit déterminée de manière plus franche, comme par exemple une épée plongée jusqu'à la garde dans les entrailles chaudes et fumantes de l'adversaire ou une tête qui roule, mais non, il semblerait qu'un simple effleurement des mains au niveau du torse suffise. Je suis un peu déçu, le viking de 2019 est fade.

La visite de la ville continue, mais les centres d'intérêt divergent un peu, les filles papillonnent de boutiques et boutiques tandis que j'essaye vainement de les emmener vers le parlement ou l'académie d'Oslo où se réceptionnent les prix Nobel. Nous débattons collegialement des objectifs de balade, débats au cours desquels je fais valoir la voie de la raison devant leur mercantilisme puéril. Pas besoin de préciser que nous ne verrons pas l'académie.

On s'éloigne ensuite du centre pour trouver une petite pizzeria un peu moins hors de prix que les autres restos (notre seul resto de tout le séjour !). Le lieu, dans un quartier moyennement engageant, s'avère cependant très sympathique. Au sous sol, je repère une grande table de jeu, environ 70cm de large sur 4 mètres de long, parfaitement plane, tout en bois très poli, avec une légère couche de sable très fin à la surface. Il y a, sur le côté, des palets en acier surmontés d'un plastique de couleur. On discute avec les gros vikings du coin qui sont ravis, ces grands enfants, de nous en expliquer les règles. Ils ont quelques pintes d'aquavit dans le gosier et les explications traînent un peu en longueur. Jusqu'à ce qu'un d'entre eux, content de lui, mentionne "like curling", juste avant de se renfrogner devant les moqueries de ses camarades barbus, "dude, they probably don't know what is curling". Mais nous ne sommes pas de la campagne perdu (heu, si en fait) et, le curling, on connaît. Vous savez le machin ridicule où des peintres en patins s'échinent à balayer la glace frénétiquement alors que pas un grain de poussière n'est visible. Le jeu, le shuffleboard, s'avère une sorte de pétanque nordique, dont l'objectif est de faire glisser le palet le plus proche possible du bord opposé sans qu'il tombe dans une des rigoles. Lorsqu'un palet adverse est bien placé, il peut s'avérer avantageux de le dégager d'un lancer bien senti. On fait quelques parties lors desquelles je montre aux filles toute l'étendue de ma légendaire dextérité, les conseillant pour parvenir au coup parfait. D'ailleurs, mes conseils sont si judicieux que je perds toutes les manches. On rigole bien.

Vers minuit, au moment de payer, problème technique avec l'appareil du tenancier, je ne peux pas utiliser la carte bancaire et il est très embêté. Nous ne sommes pas pressé, l'avion part à 6am et nous avons décidé de passer le petit bout de nuit dans l'aéroport. Donc je pars en chasse d'un ATM. Un des vikings se propose de m'escorter pour m'indiquer le plus proche. Nous partons à trois avec Margot, baladant dans Oslo by night, devisant gaiement avec le blond viking, quand même un peu éméché. Il me fait part de ses réflexions avisées quand à la suprématie sans conteste dans le monde entier des paysages Norvégiens. Je réplique que la Tour du Pin a aussi ses charmes, mais je vois bien qu'il n'est pas totalement convaincu. Ils cachent une pointe de chauvinisme, ces vikings. Ses bras faisant la taille de mes cuisses, nous passons dans des rues mal famées sans une once de crainte. Retour pour payer, puis longue marche jusqu'à la voiture. Clémentine s'endort environ 3 secondes après s'être assise.

Arrivés à l'aéroport, nous faisons deux équipes: la première dort dans la voiture sur le parking du car rental, l'autre dans le terminal sur des fauteuils accolés les uns aux autres. Il ne reste de tout façon que 3-4 heures avant dépôt des bagages et embarquement.


Bye bye Norway ! Bon, on va pas se mentir, notre bilan carbone familial est assez mauvais et on vient encore de l'aggraver. On retiendra, entre autre, des paysages hors du commun, des toits végétalisés avec pré intégré, des moutons obèses, de l'herbe bien verte et des ciels gris, des Tesla, des rennes bondissant, des vikings des campagnes craignant de croiser les regards, des vikings des villes joviaux, des lacs sombres, des rivières, des torrents, des grandes étendues vierges, des glaciers au loin ... trop loin. C'est décidé, on reviendra en hivers.

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