Jour 6 - win-day, Gudvangen

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Après le loose-day d'hier, aujourd'hui c'est le win-day ! L'objectif est la visite du Naeröyfjord et Sognefjord, les plus beaux fjords du monde d'après les vikings. Le temps est fixe, c'est à dire qu'il déluge. Sur le chemin, on aperçoit une énorme chute d'eau, peut être même une cascadasse dirait Célia. On s'arrête pour regarder mais c'est difficile à cause des gouttes qui fouettent les yeux et se collent sur les objectifs des appareils photos. Plus loin on croise d'nième moutons obèses affalés dans l'herbe haute. Il semble que ces moutons aient perdu leurs pattes avec le temps, en effet, l'herbe repoussant aussi vite que ce qu'ils arrivent à manger, ils n'ont pas besoin de bouger. Les falaises prennent de la hauteurs, la roche noire dégouline de cascades toutes plus hautes les unes que les autres.

On arrive à Gudvangen pour prendre le ferry. Comme une bonne partie du voyage, on y va "au talent", c'est à dire sans réviser. En fait, on n'a pas bien réussi à comprendre auparavant comment ça fonctionne, donc on improvise sur place. On passe le village viking avec un drakkar et on embarque avec la voiture sur un ferry, direction Kaupenger, pour un trajet de 2h30 de fjord. Le fjord est tout de suite superbement encaissé avec des volumes imposants. Les falaises montent vertigineusement. Le temps se maintient à nuageux donc on peut rester sur le pont et contempler à loisir. De temps en temps des filets de nuages s'accrochent un peu n'importe où et donne une ambiance de conte de fée. Des rivières coulent des cimes à chaque coin de rues (façon de parler, y'a pas de rue bien sûr). Les falaises noires plongent abruptement vers des zones plus boisées puis vers des berges qui s'aplanissent et s'éclairent brusquement d'herbe vertes, une pelouse plongeant dans l'eau sombre. Ça donne envie d'aller crapahuter dans les forêts. Il fait un bon temps de viking sur le pont, presque 10 degrés, on apprécie le maigre soleil de temps à autre. Le bateau est agréable, pas trop grand, relativement peu bruyant, pas bondé. Des millions de photos sont prises par tous les touristes, j'imagine qu'on pourrait reconstituer l'intégralité du fjord vue du centre de l'eau à partir d'elles.

A l'arrivée dans l'anse presque fermée de Kaupenger, Célia s'étrangle tout à coup en réveillant la moitié des passagers, car des dauphins se mettent à sauter dans le sillage du bateau. En fait, on ne saura pas s'il s'agit de dauphins ou de marsouins mais ça déclenche une nouvelle tornade de photos. Dans l'arrière plan des photos, il y a les maisons colorées de la petite ville nichée au creux de l'anse circulaire au bout du fjord.

On poursuit un peu vers Sogndal et on balade un moment dans une espèce de station balnéaire Norvégienne saturée, c'est à dire avec environ 7 maisons éloignées de plusieurs centaines de mètres les unes des autres, pas une âme qui vive en vue, sous un soleil Breton. Il n'y a pas vraiment d'odeur de crème solaire. Dans un coin de la petite anse, au pied de l'eau, on visite le terrain d'une vieille maison en bois conservée en l'état, avec deux hangars rouges, l'un pour les bateaux, l'autre pour les réparer. Plusieurs générations de familles vivaient là, au moins depuis le 17ème siècle, les derniers en date exploitant les bateaux. Il y a des pommiers au milieu de l'herbe, toujours bien grasse. Ce sera notre point le plus au nord du séjour, je me demande comment ils captaient internet, ici, au 17ème siècle.

On repart ensuite et faisons halte dans une jolie petite ville ... heu ... fantôme. C'est Laedalsöri avec un quartier super mimi de belles maisons en bois, chacune d'une couleur différente, bien espacées, presque sans barrière entre elles, des baies vitrées, des fleurs. Mais personne. On croise quelques touristes par ci par là, mais les Vikings se cachent.

Nous dégotons ensuite la kingsroad, vers Borgund, une ancienne route réhabilitée en sentier, datant au moins du 17ème. C'est maintenant un chouette chemin herbeux, avec une belle pente (gradient de 1:4 dit le panneau), pour grimper de l'autre côté de la colline où nous attend une Stavkirke (les églises noire en bois debout, vous ne vous rappelez déjà plus !?). Chouette balade pratiquement sans une goutte de pluie. On ne croise presque personne évidemment, sauf quelques touristes à la kirke, et une paire de Norvégiennes qui fuit les regards.

Retour sur la route pour les derniers kilomètres. Le paysage change lorsqu'on monte sur le plateau et se met à ressembler aux immensités du deuxième jour, mais avec une végétation légèrement différente, un brin plus boisée. C'est toujours aussi magique, avec des vallons à pertes de vue, des bouts d'eau, lac ou rivière, un peu partout, une seule route gondolée à la ligne centrale bien jaune se perdant à l'horizon. Peu de voiture. Nouveau cri de Célia-oeil-de-lynx, mais on est habitué maintenant. Instinctivement, je cherche donc les dauphins des yeux, mais je n'en vois pas dans les collines environnantes. Non, ce sont des rennes ! Stop en vrac au milieu de la route et course sur le bord pour les observer. Ils se baladent, tranquilles, en broutant et sautant au dessus de buissons, au bord des rivières dans le no-mans land montagneux. Ils nous repèrent assez vite, on les voit nous fixer, puis s'éloignent sans trop se presser, à petits bonds. On en verra deux groupes. Pas de photos de téléphone pour vous, seul l'appareil photo a un zoom suffisant et on n'a pas pris de quoi transférer les photos. Vous serez donc obligé de nous inviter à grand renfort de bières pour nous supplier de vous les montrer.

On finit la journée en rejoignant le dernier AirBnB du séjour, dans une ferme. Comme c'est le win-day aujourd'hui, la ferme s'avère immense, avec des vaches, un taureau, des moutons, deux gros chevaux à côté de notre gîte, un vieux chien, Bamse ("Teddy bear") qui est tondu comme un lion, un chat gris. Monica, qui nous accueille, est une Norvégienne peu commune. Premièrement, elle nous accueille. Ce n'est que la deuxième fois que nous le sommes, les autres fois c'était des boites à clés avec code, et le seul accueil précédent était celui de Klokkarvik où la dame, gentille au demeurant, ne parlait pas anglais et semblait vouloir fuir dès que nos regards se croisaient. Monica, elle, parle. Beaucoup. Elle nous présente tous les animaux de la ferme, nous explique tout en long en large et en travers. C'est super sympathique, notre premier contact avec l'autochtone ! La cabane loué s'avère une bonne surprise également, c'est immense et clean, tout en bois bien beau à l'intérieur, grande lumière, espace et canapé monstrueux à double angles, le tout planté dans le champs à vache, la vue de tous les côtés vers les montagnes environnantes. La nuit descend doucement, les montagnes se découpent dans le ciel sombre, on écoute les petits bruits de la ferme.

Lenge leve kyr, sauer, björner og bamser!

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