Jour 5 - Tambon Nong Prue

On the road again, de Pak Chang à Kho Samui. Sitôt le GreenLeaf tour terminé, on a quelques minutes pour organiser notre rapatriement vers Bangkok, avec un objectif : choper l'avion du lendemain à 8h. En partant de 18h de GreenLeaf, ça devrait le faire ... Première étape tranquille en pickup vers Pak Chang, on est habitué, maintenant. On a prévu le coup et demandé au guide de nous préparer des dinner-box, avec du riz, du riz et puis un peu de riz aussi (de tout façon y'a que ça du riz ici). Notre plan est d'une précision diabolique, simple et parfaitement maîtrisé : il nous faut prendre le bus de 20h précise. On nous a dit que le bus de 20h précise part souvent avant 21h, mais quand même parfois vers 19h30. Autre précision, ce bus part "pour Bangkok". Où exactement dans Bangkok ? Il y a là je dois l'avouer une légère incertitude dans notre planning pourtant quasi Suisse, on ne parvient pas vraiment à savoir. Ce qui est sûr c'est que c'est à Bangkok et pas ailleurs, c'est déjà pas mal. Comme de savoir que votre bus part pour la Suisse, vous savez au moins que ce n'est pas en Suède ni à Ouagadougou. Entre parenthèses Bangkok à plus de deux fois plus d'habitants (15 millions) que la Suisse (8).

Une fois sur place, nous comprenons rapidement que notre bus de 20h doit partir, comme prévu, à 19h. Coup de chance nous sommes sur place à 18:50. Ainsi, 10 minutes plus tard à 19:40, nous partons (horaire Thaï). Suivent alors 3 heures de route de nuit. Comme les Thaïs sont accueillant et prévoyant, ils ont pensé à nous rappeler le pays en réglant la clim à 12 degrés. Les trois heures sont assez longues, un brin chaotique sur d'interminable highways cabossées, ayant environ 4x8 voies, mais on arrive finalement "à Bangkok". On débarque donc quelque part les filles et les valises, pour se faire accoster dans la seconde qui suit par un gars qui nous propose un taxi. Quand je lui dis qu'on est 5 avec des valises, il nous rassure : "big car, sir, big car". Et il emporte rapidement une des valises pour éviter qu'on ait à réfléchir. Effectivement, le "car", une Toyota hors d'âge, est assez big, un peu plus en tout cas qu'une 4L. Après "négociation", on lui file 800 bhats (beaucoup trop) pour qu'il nous amène dans l'hôtel que nous avions réservé auparavant, à côté de l'aéroport à environ 40km d'ici. Il essaye une dernière fois de me soutirer encore 100b pour le péage mais, mon regard inflexible le fait changer d'avis (bon en vrai j'ai juste pas bien compris sa question).

C'est donc parti dans le big car, les filles entassées à 4 à l'arrière, les unes sur les autres. Ne vous inquiétez pas, moi j'étais peinard devant et je pouvais allonger mes jambes tranquille. Le chauffeur à ma droite (on conduit comme en Angleterre ici), est ravi de nous accompagner, puisque notre négociateur lui a royalement filé 200 bhats pour le trajet (dont 100 de péage). Comme le fait remarquer Célia, ici il vaut donc mieux savoir parler anglais que savoir conduire. Je commence la conversation, qui finalement dure peu, le chauffeur parlant aussi bien l'anglais que moi le Thaï. On se fait donc mutuellement de grands sourires et de vigoureux hochements de tête pour montrer qu'on (n')a (rien) compris.

C'est parti à pleine vitesse ! Au sens propre puisque notre chauffeur prends bien le temps d'aller jusqu'au bout de chaque rapport, avec un bruit infernal et un soulagement général chaque fois qu'il parvient à passer une vitesse. On a presque envie d'applaudir lorsque la nouvelle vitesse est passée. On culmine à 50 km/h, avec de temps en temps des pointes à 80 ; je ne parviens pas à déterminer le facteur à l'origine des changements d'allure. Les filles derrière font un boucan pas possible, encouragées par Célia. Je reste sérieux, il faut préserver la réputation des occidentaux.

J'ai oublié de préciser qu'au départ, j'avais bien pris soin de montrer au rabatteur une feuille avec l'adresse de l'hôtel indiquée en Thaï que j'avais imprimée avant de venir. Après avoir vaguement regardé une demi-seconde, il avait acquiescé et indiqué quelque chose au conducteur. Celui-ci avait répondu en secouant la tête négativement et en haussant les épaules. Devant mon air interrogateur, le premier avait alors conclu l'affaire d'un geste énergique, l'air de dire "si ! Tu sais et tu y vas". Du coup, je n'avais qu'une confiance limitée dans la capacité du conducteur à trouver notre objectif. Par bonté, je lui ai donc mitonné un bel itinéraire avec le GPS de l'iPhone, indiquant clairement où on était et où on allait. Je lui mis fièrement notre salut sous les yeux mais avec un grand sourire il m'a fait amicalement comprendre qu'il était presque aveugle. D'un côté, j'étais rassuré qu'il ait décidé de ne pas utiliser le téléphone en conduisant, c'est interdit, sécurité avant tout !

On se retrouve finalement en contrebas d'une highway, dans les contre-allées. Précisons que ces contre-allées sont des 2x3 voies, entourant la highway principale dont je n'ai pas réussi à compter le nombre exact de voies. La technique est pourtant simple, il faut compter le nombre de voitures côte à côte et diviser par 2 (environ). Bref, le gars est paumé et je fais office de GPS, avec les gestes pour sourd en malentendant, car même avec une voix suave le "au prochain virage, tourner à droite", ben le Thaï, il comprend pas. On arrive enfin, vers minuit, à l'hôtel, dans un capharnaüm de petits bâtiments d'une sorte de lotissement, un endroit indescriptible que je ne me hasarderais donc pas à décrire, ou alors oralement contre une bière.

L'hôtel est splendide, avec un subtil design avant-gardiste typique des années 1940, (je n'invente rien, c'est le prospectus trouvé dans la chambre qui le dit). L'emplacement est idéal, environ à 2 mètres de la piste d'atterrissage de l'aéroport. Nous pouvons donc à loisir voir et entendre les splendides A380 qui passent à 20 centimètres du toit. Heureusement le bruit de la clim, qui ne rafraichit pas grand chose, couvre bien le bruit des avions, nous ne sommes donc pas trop gênés par ceux-ci.

Levé à 6h pour aller prendre l'avion, la nuit est agréable.

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien ...)