Jour 11 - Khlong Sok

Aujourd'hui, c'est le d-day du trecking. Pour une fois, on mets les chaussures fermées et on se rens à l'entrée du parc. Un garde taciturne encaisse et nous donne un dépliant avec une description précise des chemins du parc: un vague trait sinueux représente probablement un chemin et des numéros à intervalles réguliers renvoient à un nom de waterfall. C'est comme une carte IGN, mais avec une échelle et une orientation fluctuante. Les photos descriptives sont également chatoyantes : un beau dégradé de noir et de gris, avec des tâches par endroit. Les rois du marketing sont thaïlandais. On se débrouillera, la jungle ça nous connaît à la Tour du Pin !

Sur le chemin, on commence par un beau serpent à 3 ou 4 mètres de hauteur sur un arbre. Environ 3 kilomètres plus loin, on atteint le dernier endroit censé être autorisé sans guide. Cela dit, on a déjà compris que les règles sont uniquement pour les touristes ici, alors comme nous passons totalement inaperçus, avec nos trois blondes, on continue. Après avoir regardé un moment une famille de singes dans les arbres (peut être des gibbons, mais on n'est pas sûr de les reconnaître), on poursuit sur le chemin qui devient plus étroit. La chaleur est importante, mais on est bien protégés sous la couverture végétale. Notre objectif est une waterfall avec un deep hole dans lequel on devrait pouvoir se baigner (d'après le dépliant).

La foret est super sympa avec des grands arbres et des bambous immenses. Il y a des petits lézards volants très régulièrement le long des troncs d'arbres. L'environnement est assez sec, très différent des forêts tropicales très humides de Guadeloupe par exemple. Après encore quelques kilomètres, les filles fatiguent un peu. Ainsi perdus au milieu de la jungle, nouveau conciliabule familial et on décide, toujours à la quasi unanimité, de sacrifier une personne pour qu'elle retourne au relais le plus proche faire le plein de victuaille et revenir avec de l'eau fraîche. J'y retourne donc, en courant pour ne pas faire attendre les dames, sinon je me fais gronder. Au comptoir, il n'y a rien à part un sac rempli d'un gros fruit vert et jaune que je prend pour un ananas et qui s'avère être un jacquier. Ça fera le repas.

Après une petite baignade, on reprends courage et on arrive finalement au trou d'eau, effectivement assez sympa. Baignade au milieu de carpes gloutonnes. Les filles jouent avec des morceaux de bambous taillés trouvés sur le chemin. On comprendra plus tard en croisant des groupes, qu'il s'agit d'ustensiles de cuisines, tasses, cuillères, louches, que les guides préparent pour amuser les touristes lors des pauses café.

Durant le trajet retour, la plus grosse frayeur du voyage nous attend. En allant récupérer Clem qui fait un peu de hors-piste, je perds mon téléphone qui s'échappe de ma poche. Téléphone qui contient les photos du voyage ... Je décide illico d'appeler un hélicoptère de secours. Cependant, les filles me font gentiment remarquer que d'une part il faudrait retrouver le téléphone avant, et que d'autre part de tout façon, il n'y a pas de réseau dans la jungle. Ces remarques étant frappées au coin du bon sens, on essaye donc de le retrouver. Après de longues recherches en contrebas du chemin, sur la paroi très escarpée qui plonge vers la rivière, au moment où on allait abandonner, on le retrouve enfin. Il a glissé le long de la pente, au milieu d'entrelacs de racines, rebondi sur les rochers et fini au fond de la rivière. Il gît sous 70cm d'eau, je le repère avec un coup de bol pas possible. Il est intact : Bouddha veille donc sur les iPhones. Quand au hors-piste de Clémentine, qui, je vous rassure n'a pas suivie le chemin de l'iPhone, je ne m'y attarderais pas ici, il pourrait y avoir des grands-mères sensibles qui lisent ces lignes ...

Après ses émotions, on rentre, un brin fourbu tout de même après plus de 12 km de marche. Les filles ont été super courageuses. On retrouve notre serpent des arbres et la big spider du chemin, qui n'ont pas bougés ni l'un ni l'autre en 2 jours. On commence à soupçonner les guides de mettre à intervalles réguliers des animaux en plastique pour les touristes. Pour vérifier mon hypothèse, je propose aux filles d'aller donner un coup de pied sur l'arbre du serpent pour le faire tomber, et d'attraper l'araignée, mais elles refusent. Froussardes !

 (Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien ...)