Jour 4 - Depart de Tortugero

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L

a nuit se passait bien, et rebelote vers 5am, les mêmes hurlements nous réveillent. Cette fois, on bondit direct et tout le monde se retrouve sur le pont d’observation à guetter si Bernard revient. Malheureusement pas d’animal, mais des touristes déjà levés depuis un moment qui échangent des photos, il semble qu’IL est revenu un brin plus tôt, et qu’IL a rodé dans le coin pendant la nuit. Les gens étaient déjà aux aguets avant l’aube car il faut dire que notre aventure d’hier semble avoir fait le tour du village. D’ailleurs, hier on avait raconté l’histoire à bouclette. Très gentiment, celui-ci avait commencé par acquiescer avec un petit sourire, oui, oui c’est ça le jaguar … mais a complètement changé d’attitude devant les photos, ses yeux se sont mis à briller et il m’a demandé un brin angoissé si je pouvais concéder lui partager les photos. Magnanime et grand seigneur comme à mon habitude, je l’avais alors fait de bonne grace. Blague à part, il était réellement heureux comme un gamin d’avoir ces photos.

Donc pas de jaguar ce matin, mais réveillés on part direct en balade, même si on n’a pas vraiment le droit d’aller sur le trail avant 8am, vous le direz pas hein ? On repère des petites grenouilles rouges mais qui sont farouches et qu’on n’arrive que difficilement à photographier. On croise un chevreuil, des toucans. A intervalle régulier, un bruit de pales d’hélicoptère nous passe au dessus, c’est le flap flap caractéristique du Oropendola (queue jaune), le pigeon du coin. C’est très bien fait cette forêt, ça imite parfaitement la serre tropicale du parc de la tête d’or de Lyon.

On retourne aux cabanes vers 6:30 environ juste au moment où une grosse averse nous rattrape. Ça pleut dru, de grosses gouttes bien levés, ici, on appelle ça un épisode cévenol. On retourne retrouver les filles (Nina et Lucie) qui nous accueillent à grands cris car depuis 4am elles connaissent leurs résultats du bac. Ça douche l’ambiance car on déplore le niveau de la jeunesse actuelle, à notre époque ça voulait dire quelque chose le bac, maintenant ça veut plus rien dire, ils le donnent à tout le monde, les gamins ils passent leur temps sur toktok à regarder des bêtises et pis ils savent même plus écrire avec tout leurs èssemesses, tout se perd, je les remettrais sur le droit chemin à coup de pied au derrière moi, ça c’est sûr, ces gosses qui traînent et n’apprennent plus rien car le niveau baisse de plus en plus, on devrait remettre le calcul quand même. Non ? Bref, on les félicite quand même un peu, on prépare les valises.

Une fois la pluie terminée, on retourne balader au bord de l’océan, avec de grosses vagues. On ne se baigne pas car on nous l’a fortement déconseillé (courant terrible semble t’il). On transbahute ensuite toute les valises sur les chemins tordus et on rejoint l’embarcadère pour le trajet retour. C’est toujours aussi magique cette traversée au milieu de la jungle aquatique. Cette fois ça démarre avec un épisode pluvieux faisant claquer l’eau et fumer l’atmosphère. Les odeurs remontent, l’ambiance est vraiment sympa. Ça me rappelle un peu des scènes d’Apocalypse Now dans la jungle Vietnamienne et j’ai “Paint it black” dans la tête. On re-croise de temps à autre des caïmans, des basilics, des hérons, des martin-pêcheur … Le trajet s’avère bien plus long que prévu car nous sommes probablement trop lourd, la rivière est trop peu profonde et le bateau s’enfonce un peu par moment. Le pilote doit alors donner de petits coups d’accélérateur, en remontant le moteur pour qu’il touche à peine l’eau. Certains virages sont ainsi très lentement négociés pour slalomer entre les branches. Plus le temps passe, plus on sent bien que le moteur souffre. Bien entendu, vous le sentez venir, le tout tombe en panne à quelques centaines de mètres de l’arrivée. On s’échoue lamentablement sur le sable de la rive et vient le moment de désigner les volontaires qui mettront les pieds dans l’eau, à portée de caïmans, pour pousser la barque. Je propose une nouvelle fois d’envoyer les très jeunes enfants, ça permettrait en sus d’avoir un beau film sur l’alimentation caimanienne, d’une pierre deux coups. Évidemment, la proposition est encore dédaignée par les esprits étriqués qui m’accompagnent. Le chauffeur se dévoue et, après quelques manœuvres bien senties, nous sort d’affaire en redémarrant le moteur suite à nos encouragements chaleureux. On débarque ensuite pour récupérer les voitures et on repart aussi sec vers de nouvelles aventures, il y a pas mal de route à faire.

En chemin, on s’arrête pique-niquer un peu décalé au niveau des horaires (15h environ) dans un “espace culturel”. C’est une immense bâtisse couverte mais ouverte, au sol bétonné, avec des jeux (ping-pong, baby-foot), des tables, des coins cuisines, des salles d’on ne sait quoi. Tout est ouvert, propre et très sympa. On passe un moment agréable à observer des colibris et discuter avec un gars voulant nous apprendre le ping-pong et un autre gars montrant des vidéos de paresseux dans son jardin. La route est ensuite un peu longue avec la Margot et la Lulu ayant décidé de nous raconter des histoires improvisées. Je résume: Pierrot, maison, forêt, étage fermé à clé, hiboux, tiroir de commode chatouilleux. A noter pour le prochain voyage : prendre des boules quies.

On arrive finalement dans notre “eco lodge”, dont je craignais un peu le côté écolo-bobo baroudeur chic (pour ceux qui ont la réf). En bien pas tout, cela s’avère génial, mais je le raconterais plus tard car tout le monde dort depuis un bon moment et le téléphone commence à me tomber des mains. 

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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