Jour 2 - Vers Tortugero

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Ça attaque fort au petit dej avec, entre autre, du jus de fruit de Cas Guava, bien épais, gris jaunâtre, mousseux, avec un goût à la fois citronné et un brin astringent, super bizarre mais vraiment pas mal avec un brin de sucre. Tout le monde n’aime pas. On cause avec nos hôtes, trop sympas, qui nous racontent un peu tout et nous renseigne en particulier sur notre trip voiture. Visiblement, la route “directe” est très encombrée, avec camions et routes étroites. Un autre itinéraire nous est alors conseillé, le gars s’efforçant de m’expliquer que le S dessiné sur la carte est beaucoup plus rapide que la ligne droite. La topologie du Costa Rica défi donc la physique élémentaire. Cependant, nous sommes touristes donc croyons naturellement tout ce qu’on nous raconte. Le gars glisse alors rapidement sur des considérations plus philosophiques et en vient à nous rappeler l’impact de la France (avec un grand F) dans le monde, liberté égalité tout ça, qu’il oppose aux aux américains, d’après lui moins percutants. Nous acquiesçons évidemment.

On décolle rapidement car de la route nous attends, environ une centaine de km, c’est à dire un bon 180 km par le raccourci, soit environ 4h de trajet au mieux (jeu gratuit: calculer la vitesse moyenne). On fait un détour par le Carrefour market du coin (Welmart), pour préparer le pique-nique. Cédric a la bonne idée d’investir dans une carte SIM ouvrant les portes, d’après le fascicule, d’un monde moderne merveilleux. Il y a cependant une épreuve en plusieurs étapes pour accéder au nirvâna numérique. La première étape est relativement aisée, il suffit d’insérer la dite carte dans le téléphone. Nous y parvenons sans encombre, assez satisfaits de notre perspicacité. La deuxième étape change brusquement de braquet car il faut cette fois appeler un numéro de téléphone pour … en bien on ne sait pas trop, mais ça a l’air important. On appelle donc, on tape 1 puis encore 1 puis 2 puis 3, mais comme le tout est en espagnol parlé à la vitesse de l’internet promis, autant dire qu’on n’y comprend goutte. On s’y reprend à plusieurs fois, chacun donnant un autre conseil avisé, la bonne fréquence étant de l’exclamer juste au moment où une information importante est crachotée dans le téléphone, afin de bien couvrir le son. On n’avance pas trop, il faut bien l’avouer, et comme on s’aperçoit également qu’il y a une troisième étape après celle pour l’instant encore inaccessible, on décide courageusement d’aller quérir de l’aide. Là, une demoiselle fort aimable prend les choses en main et s’empresse de démontrer que la réputation du grand sens de l’hospitalité des Costa Ricains n’est pas usurpée. Cela s’avère relativement facile finalement, il suffit pendant 45 minutes d’épeler son identité, son numéro de passeport, son adresse, son numéro de carte bleue ainsi que les 4 premiers couplets des Lac du Colemara (“Terres. Brûlées …. “ ne me remerciez pas). L’étape trois est dans la même veine, des tonnes d’information importantes à fournir, et finalement, nous sommes prêts à surfer sans fin sur l’interouèbe mondial. En théorie tout de même car cela ne fonctionne pas vraiment. Nous suspectons les ingénieurs de Cuba d’avoir donner un coup de main à ceux d’ici. Nous avons néanmoins le cœur léger d’avoir pu venir à bout de la procédure nous permettant d’entrer de plein pied dans la modernité. On se connectera à internet plus tard.

C’est ainsi qu’avec pas mal de retard dans le planning nous prenons la route, rassurés avant même le départ par le raccourci nous rallongeant le trajet. Le trafic est tout de même bien plus calme que dans d’autres contrées (Thaïlande, Sri Lanka on pense à vous), la vitesse moyenne est très basse et on ne se fait pas trop doubler par la droite. Tout est très vert partout. On pique-nique sur le pouce au bord d’une rivière pour essayer de ne pas perdre trop de temps car notre objectif est de rejoindre Tortugero, un parc national, que l’on rejoint en barque. Après mille tournants, on arrive enfin. Lorsqu’on s’enquiert de la procédure à suivre, on nous signifie prestement qu’il reste environ 15 minutes avant le dernier bateau. Large !

On laisse donc les voitures pour rejoindre l’embarcadère avec nos bagages, afin de passer deux nuits à l’orée du parc. Le trajet nous plonge rapidement dans une ambiance incroyable de forêt tropicale aquatique (pas vraiment une mangrove mais quand même des arbres au pieds dans l’eau), le long d’un bras de rivière en parallèle de la côte océanique. On navigue une végétation luxuriante et de nombreux oiseaux dont le fameux toucan et des échassiers. Tout est vert, partout où le regard porte. Il fait bien chaud et on a plaisir à laisser glisser sa main dans l’eau chaude au ras de la barque. Parmi les chouettes bois flottés que l’on croise régulièrement, on dit gaiement bonjour à un mignon caïman qui nous regarde d’un air torve. En vrai, d’une part je ne sais pas vraiment ce que signifie “torve” (je trouve juste l’adjectif rigolo), et d’autre part on retire prestement la main de l’eau, même si le saurien ne bouge pas d’un cheveu. Certaines filles dont je tairais le nom ne sont pas rassurées. Arrivés sur place, on a l’impression d’être sur une sorte d’île. C’est un village (1500 locaux semble t’il) tourné vers le tourisme et la préservation du parc. On se déplace sur des chemins de terre ou de béton au dessus du sol tropical dans lequel on voit régulièrement des crabes de terre, bleus. Les maisons sont un mélange de tôles, de bois et de dur, certaines sur pilotis, la plupart du temps protégées par un imposant grillage. De même qu’autour de l’école. Restez attentifs, on comprendra demain pourquoi. La rue principale (pas de véhicule à moteur ici) est sympathique avec restos et échoppes colorées. On se laisse guider vers Los Amigos, notre hôtel, légèrement en retrait du “centre”, tout contre la forêt, avec d’immenses arbres surplombant les petites bâtisses. La piscine nous permet de nous rincer de la moiteur du trajet. Une pluie tropicale nous chasse un moment de la balade du soir, puis on s’effondre rapidement un peu crevés du voyage. On se prépare a une bonne nuit complète … sans savoir ce qui nous attend. 

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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