Jour 8 - Monteverde (2/2)

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Deuxième journée à Monteverde. Clem et Nina se lèvent à l’aube pour attaquer une balade à cheval dans la montagne. On les confit au cow-boy local qui les emmène sur le site. Les restants, les adultes responsables, décidons d’aller une nouvelle fois randonner dans le second parc, Curicancha. Lucie, prends un air désolé et nous annonce qu’elle doit réviser le bac et ne pourra pas nous accompagner. On comprends bien entendu, quelle abnégation ! Nous partons donc sans elle. Ce qui m’intrigue tout de même, c’est la voir, lorsqu’on part, se diriger vers la piscine, une serviette et de la crème solaire à la main, sans cahier ni livre. Bizarre.

Le parc est encore différent des précédentes forêts. Les chemins sont souvent de grandes allées et l’ensemble resemble un peu à un immense jardin, type la tête d’or à Lyon, mais tropical. La aussi tout est vert, avec des sortes de champs d’herbe haute très vert-pelouse. On voit de petits oiseaux jaunes, des colibris un peu partout. A un moment, on entend de gros bruits de grenouilles, c’est un toucan ! C’est assez majestueux avec un gros bec colorés. Ensuite, on entend de petits coin-coin, ce sont des capucins à tête blanche ! C’est facile la bio, les bruits de grenouilles correspondent à des oiseaux, ceux de canard à des singes et les grigri de cigales sont des gros oiseaux-poulet bizarres. Y’a que le bruit de balançoire rouillée qu’on n’a pas bien identifié. On se renseignera plus tard sur internet qui nous apprendra qu’il s’agit d’un oiseau avec des moustaches. Vraiment c’est n’importe quoi. Grâce à un guide d’un autre groupe on verra même le fameux quetzal, superbe, bleu vert avec le dessous rouge et une longue queue qui s’évase légèrement. Bon, il faut quand même les jumelles car il est farouche. Sans notre guide d’emprunt, on ne l’aurait pas vu.

Sur le retour, on croise au même endroit un agouti farfouillant, un gros oiseaux-poulet dont on suspecte qu’il couvait, et un capucin se baladant à fond le caisse de branches en lianes. Il sera finalement suivit de toute une smala, peut être une douzaine, faisant un barouf d’enfer en traversant leur bout de forêt, se suivant à différentes hauteurs d’arbre, avec parfois de grand sauts dans le vide s’achevant sur une branche ployant à l’impact. Trois minutes après le passage, tout redevint calme, on les entends juste un peu de loin. On rentre retrouver les filles avec les yeux remplis, mais le ventre vide. La balade à cheval était visiblement bien sympathique, les filles sont ravies. Elles ont galopé et pu se moquer d’un couple, à cheval avec elles, dont la dame jouait l’instagrammeuse, demandant qu’on la prenne en photo toutes les trente secondes.

L’après midi est plus tranquille avec balade boutiques en « ville ». Le centre est animé, finalement assez petit. On décide de fêter quelque chose en buvant un coup dans un bar-arbre, un café agencé autour d’un gros arbre, un caféier peut-être, sur deux étages. En rentrant, on recherche le paresseux, qui a changé d’arbre et est aussi en train de se nourrir, toujours aussi lentement mais sûrement. Au coucher du soleil, on balade dans le bas du site sous les concerts assourdissants des grillons. Un peu éloigné des habitations, il y a des dizaines de lucioles qui s’illuminent alternativement dans les arbres au loin, on dirait des LEDs. J’en suis une du regard, ça clignote en volant, la lumière dure environ 1 seconde entière, puis se coupe. C’est ce qu’on appelle l’électricité alternative.

On retourne faire une grillade de Salsichon (ah, là, ça vous en bouche une, hein !), avec en dessert une Guaba (ou pacay) une espèce de cosse grande comme un boomerang, que l’on ouvre et d’où on extrait des graines lisses et noires entourées d’une pulpe blanche que l’on mange. C’est sucré, avec un vague goût de vanille, assez sympa. Bon c’est pas tout ça, mais c’est l’heure de la chasse. A 9pm, on enfourche nos lampes de poches (on est souples) et c’est partit pour la traque au tatou. On marche et marche encore en balayant les bords des chemins avec les lampes ou la torche du téléphone. On ne voit rien, sauf à un moment donné un opossum que Celia débusque mais qui est trop rapide pour qu’on parvienne à le photographier. La balade, même si elle est infructueuse pour le moment, est quand même sympathique, dans le noir et la nature. Nous sommes tout en bas de l’immense propriété (il y a des chemins sur 2 ou 3 km tout autour), lorsque je reçoit un message du Cédric qui fouille lui la partie haute, vers la réception: il l’a trouvé ! On part alors en courant, à peine éclairés par les pinceaux de lampes qui illuminent subrepticement les fourrés. Au détour d’un virage, Celia stoppe brutalement et pointe la frontale sur le sol en m’arrêtant de la main. A ses pieds, une putain de tarentule, bien noire, bien poilue, la taille d’une demie paume environ. J’éteins la torche de mon téléphone pour basculer en mode photo pendant que Celia éclaire la bestiasse. Je la mitraille. Maline, Celia suggère alors que je positionne ma main juste à côté afin que l’on puisse disposer d’une échelle relative. C’est effectivement une bonne technique, cela permettrait de se faire une bonne impression des dimensions. Cela dit, j’hésite encore un peu. A ce moment là - je vous rappelle que nous sommes en mode chasse de tatou et pas contemplation d’araignée - la Celia, impatiente, tourne casaque et se remets à courir pour poursuivre sa chasse. Me plongeant donc dans le noir total, la main tenant le téléphone en mode photo à 5cm au dessus de la bête poilue. J’ai un moment d’arrêt total puis cherche frénétiquement à remettre la torche du téléphone. Dès qu’elle s’allume enfin, plus de tarentule. Elle s’est déplacée. Un filet de sueur glacé coule le long de ma colonne vertébrale pendant que mes orteils se recroquevillent. Je la vois finalement 30 cm plus loin, vers l’arbre et je m’enfuis en courant vers l’objet initial de notre traque.

Arrivés auprès de Cédric, qui a perdu le tatou, on se remet à chercher dans tous les fourrés alentour. Après un long moment de traque, je le repère enfin, à l’ouïe, en train de farfouiller bruyamment dans des tas de feuilles. On s’approche alors tous par différent côté avec nos faisceaux de lampes croisés et on peut, enfin, voir le fameux animal, assez gros, semblable à du plastique, avec une longue queue et des oreilles dressées ridicules. Celles-ci sont quand même efficace car quelques secondes plus tard il s’enfuit rapidement et on le pert. Même si nous n’avons pas vraiment réussi à faire des photos, nous rentrons de concert, le cœur gonflé par le succès, pour nous endormir du sommeil du juste.   

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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